Iris (Oct 2021)

L’analyse contrastive : contours et limites d’une approche mythocritique confrontant le Genji Monogatari de Murasaki Shikibu et les Lais de Marie de France

  • Stéphanie Bruno-Meylan

DOI
https://doi.org/10.35562/iris.2431
Journal volume & issue
no. 31
pp. 181 – 186

Abstract

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Dans le cadre de notre thèse, nous avons confronté les Lais de Marie de France datant du xiie siècle qui présentent la particularité alors inédite d’avoir pour auteur une femme et le Genji Monogatari de Murasaki Shikibu (une femme également), écrit au xie siècle au Japon, qui fait aussi figure d’exception dans un paysage scriptural majoritairement masculin, a fortiori pour une œuvre d’une telle ampleur. Le rapprochement entre les deux œuvres était avant tout motivé par une thématique de fond, l’imaginaire féminin, déployé dans deux cultures géographiquement et sociologiquement éloignées, cependant immergées dans un milieu élitiste, celui de la Cour. Ce choix s’inscrivait surtout dans la perspective d’une approche mythocritique plutôt que strictement littéraire, dont l’intérêt se situait en deçà du cadre du texte, puisqu’il puisait dans la mythologie fondatrice des deux cultures, source de l’émergence d’un imaginaire féminin à des époques chiches de féminité. Or, cette analyse, que nous avons qualifiée de contrastive, a permis l’ouverture de la réflexion sur d’autres perspectives que seul autorisait un tel rapprochement ; elle a également cherché à distinguer, parmi les motifs communs aux deux textes, ceux qui relevaient d’une universalité (contextuelle) de ceux qui relevaient d’une commune origine eurasiatique. La réflexion était axée sur la notion d’altérité selon une acception très large mais concentrée sur la représentation par l’imaginaire féminin de l’Autre sexe et d’un Ailleurs avant tout textuel et narratif.