Revista de Filosofia (May 2019)

L’empire de l’involontaire et la volonté de n’être pas gouverné

  • Orazio Irrera

DOI
https://doi.org/10.7213/1980.5934.31.052.DS11
Journal volume & issue
Vol. 31, no. 52

Abstract

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Dans cet article nous nous interrogerons sur le statut conceptuel ainsi que sur la portée politique de la notion de volonté qui apparait dans la célèbre définition que Foucault donne en 1978 de l’attitude critique comme « volonté de n’être pas gouverné ». Pour en élargir son champ d’intelligibilité nous mettrons en parallèle la généalogie du rapport d’obéissance au sein du pouvoir pastoral et de la gouvernementalité avec la généalogie de la concupiscence et de la chair qui inscrit dans « la structure permanente du sujet » une sorte d’empire de l’involontaire permettant de le gouverner. Nous retracerons la manière dont à partir de l’émergence d’un dispositif médico-juridique à l’intérieur de la pratique pénale où, depuis la moitié du XIXe, s’enchevêtrent les expertises psychiatriques et les dispositifs de normalisation pour manipuler les instincts et ses maladies censées être dangereuses pour la société, Foucault avance l’exigence une nouvelle problématisation de la notion de la volonté. On s’attachera ainsi à mettre en lumière comment cette notion devient le foyer d’une reformulation qui ne peut pas se passer d’une généalogie de l’involontaire que Foucault développe notamment dans ses recherches sur l’Histoire de la sexualité, dont la récente parution du quatrième volume, Les aveux de la chair, nous permet aujourd’hui de saisir l’effective portée théorique et politique de cette articulation de la volonté et de l’involontaire. Celle-ci permet en effet de décrire de manière plus riche et détaillé tant la matrice governamentale de subjectivation en Occident que la constitution d’un horizon d’imputabilité et de responsabilité dont chaque sujet est appelé à répondre, ce qui l’inscrit par ce même geste dans un champ généralisé d’obéissance et le rend ainsi intimement gouvernable.

Keywords