Oléagineux, Corps gras, Lipides (Jul 2002)
RECHERCHES Distribution anormale des apolipoprotéines CIII et diminution de la capacité d’efflux de cholestérol du plasma de sujets normolipidémiques présentant une maladie coronarienne précoce
Abstract
Il est maintenant bien établi que les triglycérides plasmatiques représentent un facteur de risque indépendant d’athérosclérose et des maladies cardiovasculaires qui en découlent [1]. L’hypertriglycéridémie est connue pour être associée à une surexpression des apolipoprotéines CIII (apoCIII). Les quantités et la distribution de ces apoCIII dans le plasma sont essentielles dans le métabolisme des triglycérides, et il existe de nombreuses études épidémiologiques mettant en évidence leur association avec le développement et la progression des lésions d’athérosclérose dans les maladies cardio-vasculaires (MCV). Les apoCIII et plus particulièrement les apoCIII liées aux particules riches en triglycérides sont considérées comme de nouveaux marqueurs/facteurs de risque des MCV associés aux triglycérides comme cela a été étudié et rapporté par P. Alaupovic dans l’article précédent [2]. En outre, un certain nombre de sujets jeunes ayant fait un accident ischémique grave, présentent un bilan lipidique considéré comme normal et qui ne permet pas de les identifier. Mais on sait aussi que des sujets coronariens, normolipidémiques à jeun, peuvent présenter un retard d’épuration postprandiale des triglycérides, détectable seulement après un repas test riche en graisses [3-5]. Les retards d’épuration postprandiaux et leur toxicité sont imputés aux chylomicrons remnants qui persistent trop longtemps dans la circulation et sont considérés comme très athérogènes [6]. Dans un travail préliminaire [7], nous avions comparé un petit groupe de sujets normolipidémiques à jeun (n = 10) mais présentant une maladie coronarienne précoce (groupe CAD) et montré l’existence d’anomalies du métabolisme lipidique postprandial par comparaison à un groupe de sujets contrôles. Quatre à six heures après un repas gras (1 000 kcal et 60% de lipides), la réponse de la triglycéridémie était significativement plus élevées chez les coronariens que chez les contrôles et l’amplitude de la réponse postprandiale exprimée par une mesure d’aire sous la courbe, ainsi que la durée de la réponse, étaient de 30% plus importantes chez les coronariens (p < 0,002 et p < 0,05 respectivement). Les bilans lipidique et apoprotéique à jeun étaient normaux et les concentrations de cholestérol, LDL-C, HDL-C, TG, Apo AI, B, CII, CIII et E ne différaient pas entre les groupes. La répartition des apoCII et apoE entre les HDL et les lipoprotéines riches en triglycérides (TGRL) ne montrait pas de différence significative. En revanche l’analyse des apoCIII montrait une anomalie de distribution : il apparaissait deux fois plus d’apoCIII sur les lipoprotéines riches en TG (TGRL-CIII, p < 0,001) entraînant une différence très significative du CIII-Ratio (TGRL-CIII/HDL-CIII, p < 0,0001). De plus, l’amplitude de la réponse postprandiale exprimée par une mesure d’incrément d’aire sous la courbe était très fortement et positivement corrélée aux valeurs de TGRL-CIII à jeun et au CIII-Ratio (p < 0,001). Ces premiers résultats obtenus chez des sujets coronariens ne présentant aucun facteur de risque connu et strictement normolipidémiques à jeun, nous avaient permis de conclure que la valeur de ces apoCIII liées aux particules riches en TG (TGRL-CIII) ainsi que l’établissement du CIII-Ratio représentaient le marqueur à jeun d’une anomalie postprandiale chez les coronariens normolipidémiques. D’autre part, les valeurs de TGRL-CIII ou le CIII-Ratio, s’ils représentent un marqueur de l’anomalie postprandiale, peuvent également représenter un nouveau facteur de risque de la maladie coronarienne puisque c’était la seule différence que nous ayons pu trouver entre nos groupes contrôle et coronarien. Les apoCIII, de par leur implication dans le métabolisme des triglycérides, représentent donc le facteur de l’anomalie liée moléculairement et métaboliquement à une mauvaise épuration postprandiale de particules « remnants », qui sont connues pour être très athérogènes (voir encadré). Enfin, à l’inverse, le transport reverse du cholestérol (RCT) des cellules périphériques vers le foie représente une étape critique dans l’épuration du cholestérol et dans la protection vis-à-vis des phénomènes d’athérosclérose. Les HDL sont essentielles dans ce processus, tant pour leur capacité d’efflux de cholestérol cellulaire que pour leur rôle dans le transport en retour du cholestérol vers le foie en vue de son élimination [8-10]. Nous rapportons ici les résultats d’une étude comparant, la distribution des apoCIII plasmatiques et la capacité d’efflux de cholestérol à jeun chez des sujets normolipidémiques présentant ou non une maladie coronarienne.
Keywords