Galáxia (Dec 2013)

Une sémiotique à refaire?

  • Eric Landowski

Journal volume & issue
Vol. 13, no. 26
pp. 10 – 33

Abstract

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Le récit, c’est ce qui nous sert à donner un peu de signification et de valeur à la vie, en dépit de ce qu’elle peut avoir d’insignifiant par sa monotonie ou d’insensé par son aspect chaotique. Mais indépendamment des significations portées les récits, il nous arrive parfois, face à autrui, à une oeuvre, à un paysage, d’être saisis par la présence d’un sens qui s’impose à notre intuition bien qu’il n’émane d’aucun discours constitué. Ce sens second, toute une littérature, de Proust à Musil, de Svevo à Woolf, s’est employée à le dire en inventant les formes d’écriture de ce qu’on peut appeler le discours de l’expérience. Distinct du vécu, ce discours a le pouvoir d’en capter le mouvement en restituant la dynamique du rapport aux choses, à autrui, à soi-même sur laquelle se fonde l’expérience du sens dans son émergence en acte. Pour construire une sémiotique qui permette d’en rendre compte, ni la grammaire narrative standard ni ses prolongements relatifs aux passions et à la tensivité ne fournissent les instruments nécessaires. Il convient donc de compléter l’appareil théorique dont nous disposons. C’est ce qui justifie le réexamen critique des notions de narrativité et de discursivité auquel procède cet article, ainsi que la proposition finale d’un modèle tenant compte de la diversité des régimes possibles de production du sens dans l’interaction.

Keywords