Actes Sémiotiques (Jul 2021)

De la blessure christique à la blessure biopolitique. Morgue de Andres Serrano

  • Angela Mengoni

DOI
https://doi.org/10.25965/as.7240
Journal volume & issue
no. 125

Abstract

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Dans Morgue (Cause of Death) (1992), Andres Serrano photographie en détail, sur de grands formats, les traces de violence sur des cadavres anonymes, comme la blessure sur le pied dans Rat Poison Suicide II au sujet de laquelle la blessure du Christ dans le sépulcre a été régulièrement évoquée. L’article envisage cette relation, non pas comme une source iconographique, mais comme le lieu d’une élaboration figurale entre corps-enveloppe et chair. Si pour l’iconographie chrétienne la blessure garde le statut d’un transit vers un corps glorieux, la scène de la morte violente est plutôt le lieu où le corps de la modernité tardive laisse affleurer ce fond biologique du vivant qui n’est plus, ainsi que l’écrit Foucault, le « soubassement inaccessible qui n’émerge que de temps en temps, dans le hasard de la mort et sa fatalité » mais entre dans le « champ d’intervention du pouvoir ». En suivant cette dynamique figurale du seuil entre bìos et zoe on reviendra sur le statut du corps suicidaire, un paradoxe pour le pouvoir biopolitique de stimulation de la vie.

Keywords