Continents manuscrits (Mar 2018)
La non-vocation d’André Schwarz-Bart
Abstract
L’attribution du prix Goncourt 1959 au Dernier des Justes, œuvre d’un jeune inconnu dont c’était le premier roman, suscita un intérêt inhabituel pour la personnalité de l’auteur : André Schwarz-Bart. La presse se nourrit d’interviews, s’étonnant qu’un ouvrier autodidacte, fils d’immigrants parlant yiddish, contraint par la guerre à quitter les bancs de l’école à onze ans, produise spontanément un chef d’œuvre sans avoir été formé à la littérature. Le « cas Schwarz-Bart » défraya la chronique. Cette étude veut mettre en lumière la lente maturation d’un talent littéraire chez un homme que rien ne destinait à être écrivain et qui proclamait qu’il n’avait pas répondu à une vocation irrésistible, mais à une nécessité : exprimer, sous peine d’étouffer, la douleur indicible provoquée par l’extermination de ses parents et d’une grande partie de son peuple. Nous montrerons que « l’ouvrier » Schwarz-Bart avait entamé des études et fréquenté assidûment les milieux étudiants, plus encore après son désenchantement du communisme à partir de l’Affaire Slansky (1951). Enfin, nous étudierons les traces de la biographie de l’écrivain dans un roman qui se voulait œuvre de fiction et témoignage pour un peuple tout entier.
Keywords