Alternative Francophone (May 2015)

Le port du foulard dit « islamique » ou l’entre-deux culturel

  • Akila Naima Dib

DOI
https://doi.org/10.29173/af24658
Journal volume & issue
Vol. 1, no. 8
pp. 37 – 56

Abstract

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Cela fait plus d’une décennie que le foulard dit « islamique » alimente les débats : après avoir agité la sphère politique et fait l’objet d’un battage médiatique en France, voilà qu’il vient semer l’inquiétude et la division au sein de la société québécoise. Or, dans le présent article, nous souhaiterions désamorcer cette polémique en nous penchant à la fois sur les versets à l’origine de la « prescription » du voile, sur les phénomènes ayant motivé son abandon, à une certaine époque, et sur les raisons à l’origine de sa résurgence. Pour ce faire, nous examinerons, dans une perspective traductologique, les versets en question et le contexte qui les entoure pour montrer que la conception selon laquelle le port du foulard serait une obligation « religieuse » est erronée d’un point de vue sémantique et sociohistorique. Dans cette optique, nous rappellerons la dichotomie établie déjà entre les ibadât (versets traitant de la relation de l’être humain à Dieu — relation verticale — et régis par des règles absolues et immuables) et les muamalât (versets traitant des relations interindividuelles – relations horizontales — et dont la lecture doit se faire en fonction des circonstances). Par ailleurs, nous emploierons la traduction comme une métaphore du transport à travers les frontières (linguistiques et culturelles) pour faire une lecture du vêtement de certaines musulmanes qui résulte, comme la langue de la traduction (troisième langue), de la rencontre de deux cultures. Nous rappellerons également les sens qu’a pu revêtir le « voile » suivant les contextes et le sens que lui assignent aujourd’hui les féministes islamiques dont la réflexion s’inscrit dans la perspective des Post-colonial Studies. For over a decade, the "Islamic" headscarf has been fuelling debates: after agitating the political sphere and becoming the object of media hype in France, it is moving to Québec where it is spreading anxiety and division within society. In this article, I wish to defuse tension and controversy by focusing on certain Koranic verses believed to “prescribe” the veil, on phenomena that led, at a certain time, to its being set aside, and on the reasons that underlie its resurgence nowadays. To this end, I will examine the verses within their social context, and demonstrate that seeing the scarf as a "religious" obligation is inappropriate from both semantic and socio-historical points of view. In this context, I will reiterate the dichotomy made between Ibadat (verses dealing with the relationship of human beings to God and governed by absolute and immutable rules), and Muamalat (verses dealing with interpersonal relations and which is to be read according to specific circumstances). Moreover, using translation as a metaphor of transportation across (linguistic and cultural) borders, I will try to read the "clothing" of some Muslim women as a phenomenon resulting, as the language of translation (third language), from the intersection of two cultures. I will also bring up the meaning the "veil" may have taken on over the time and the meaning it is now being assigned by the Islamic feminists whose reflection falls within the Post-Colonial Studies approach. MOTS-CLÉS Femmes, islam, hijâb, choix, métissage culturel

Keywords