Alternatives Rurales (Nov 2014)
La qualité du lait entre logiques des coopératives et logiques des éleveurs et éleveuses. Introduction d’un analyseur de qualité du lait dans des coopératives laitières du Gharb
Abstract
La filière laitière au Maroc demande de plus en plus que les éleveurs fournissent un lait de qualité. Les coopératives de collecte de lait ont souvent à faire face à un problème d’écrémage du lait, qu’elles ne pouvaient pas par le passé gérer faute d’équipements de contrôle adaptés. La Centrale Laitière a accompagné des coopératives de collecte de lait dans l’acquisition d’appareils de mesure rapide de la qualité du lait, qui mesurent entre autres le taux de matière grasse. La présente étude analyse la modification du dispositif de contrôle de qualité suite à l’installation des analyseurs, les effets de cette modification au niveau des coopératives et l’acceptation du nouveau dispositif au niveau des exploitations familiales. L’étude a été effectuée dans trois coopératives du Gharb. Des éleveurs, des éleveuses ainsi que les leaders et personnels des coopératives ont été enquêtés. L’installation de l’analyseur a permis, grâce à la baisse de la pratique de l’écrémage, une baisse des pénalités imposées par la Centrale Laitière aux coopératives, et une augmentation des primes liées à la bonne qualité. Les pratiques d’écrémage ont diminué mais n’ont pas disparu. Les éleveurs et éleveuses se déclarent majoritairement favorables au nouveau dispositif, car il permet une équité entre les éleveurs. Cependant, le fait de livrer du lait non écrémé conduit aussi à une baisse du revenu que certaines femmes obtenaient en vendant elles-mêmes le beurre au marché. Par ailleurs, la Centrale Laitière ne communique pas de façon détaillée les résultats de ses mesures de qualité. Ceci limite la capacité des coopératives à s’engager dans un paiement à la qualité, ce qui constituerait pourtant un élément clé pour garantir la durabilité d’un tel système de contrôle de la qualité.