Tr@jectoires (Nov 2007)

écrivain-e. Par-delà le genre – par-delà le corps ?

  • Cécile Chamayou-Kuhn

Journal volume & issue
Vol. 1

Abstract

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Cet article propose d’étudier la relation qu’entretiennent, d’une part, le langage et le corps et, d’autre part, la parole et l’identité sexuelle dans Die Kränkung d’Evelyn Schlag et Der Tod und das Mädchen : III (Rosamunde) ; V (Die Wand) d’Elfriede Jelinek. Malgré les divergences de ton que présentent ces oeuvres, qui appartiennent à deux genres littéraires différents, il semble permis de centrer l’analyse sur une problématique commune : le personnage de « l’écrivain-e » parvient-il à saisir son propre corps ? Dans cette perspective, nous nous appuyons sur la critique formulée par Judith Butler à l’égard de la psychanalyse lacanienne, tout en considérant sa théorie sur la construction discursive du corps. Trois thématiques peuvent être développées : la dialectique de « l’in-visibilité » féminine, les processus de matérialisation du corps et la pratique subversive de la mascarade en tant qu’elle met en évidence certains mécanismes d’aliénation dans le cadre d’une genèse du corps et de l’écriture. Aussi peut-on affirmer que le drame du corps investi symboliquement sous-tend ces œuvres : l’écrivain-e tente de s’extraire de l’ordre symbolique et de saper les fondements des catégories constitutives de l’identité que sont le désir, le sexe biologique (sex) et l’identité sexuelle (gender). Si les processus d’écriture laissent envisager un dépassement de l’offense narcissique et de la maladie dans Die Kränkung, un tel dénouement paraît exclu dans l’univers jelinekien : ses « héroïnes », qui évoluent comme autant de fantômes du signifiant, entament une éternelle danse de mort.

Keywords