Criminocorpus (Mar 2015)

Les usages politiques de l’infamie : l’exemple de la législation sur la brigue électorale des Gracques à Auguste (133 avant J.-C.-14 après J.C.)

  • Clément Bur

DOI
https://doi.org/10.4000/criminocorpus.2943

Abstract

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La conquête du pourtour méditerranéen et l’inflation de la communauté civique favorisèrent l’essor de la brigue électorale à la fin de la République. Pour lutter contre ce méfait, un tribunal permanent fut instauré à la fin du IIe siècle avant J.-C. qui ne déboucha d’abord que sur l’annulation de l’élection. Puis la brigue, parce qu’elle menaçait l’équilibre aristocratique, devint l’objet d’une procédure pénale de plus en plus dure prescrivant l’infamie (exclusion des honneurs et inéligibilité). L’accusateur victorieux se voyait lui réhabilité, disposition unique dans la législation pénale romaine. L’infamie fut donc utilisée par les législateurs successifs comme une arme pour rétablir la compétition politique traditionnelle. Les nobles, d’abord hostiles à l’ajout de l’infamie comme peine parce qu’elle créait un carcan trop étroit pour leurs ambitions, s’y résignèrent car ils craignaient la ruine de leur domination. Toutefois, avec le Principat, la question de la brigue fut transférée à l’échelle des municipes, où survivait en partie la lutte électorale.

Keywords