Babel: Littératures Plurielles (Dec 2018)
Cité modèle et Cité guerrière : utopie et dystopie dans Les Cinq cents millions de la Bégum de Jules Verne
Abstract
Il s’agit d’une réflexion autour du motif de la guerre présente et future sur le mode de l’uchronie selon un schéma habituel dans les romans de Jules Verne. Les Cinq cents millions de la Bégum correspondent dans la fiction à l’héritage miraculeux d’une grand-tante éloignée, ladite Bégum, épouse en secondes noces d’un lointain parent commun aux deux héros selon une généalogie fictive. L’héritage fabuleux se trouve partagé entre deux ennemis, parents par le hasard d’un autre mariage : d’une part Herr Schultze, professeur allemand passionné de chimie, d’autre part François Sarrasin, docteur français préoccupé par les problèmes de santé et d’hygiène. Et c’est à l’occasion d’un Congrès international d’Hygiène à Londres en 1871 que le docteur français lance le projet philanthropique d’une Cité modèle. L’histoire, comme intrigue romanesque, est une transposition de l’Histoire, du conflit franco-prussien, sous forme d’une uchronie projetée vers la marge nord-ouest des États-Unis, une utopie située géographiquement mais en une sorte de non-lieu produit par l’éloignement. Dans la fiction, l’héritier allemand riposte en annonçant au même Congrès devoir fonder une Place forte, Stahlstadt, la Cité de l’Acier. Mais cette dialectique manichéenne structurant le roman serait faussée par une absence, cette fonction vacante révélée par le chaos du conflit entre la Cité de l’Acier et ladite Cité de la Paix.
Keywords