Italies (Dec 2011)
Les fondements sociaux des visions critiques du Risorgimento. Le cas de Federico de Roberto
Abstract
L’écrivain sicilien Federico De Roberto (1861-1927) a largement contribué à réduire l’histoire de l’unification nationale à une forme de répétition de figures immuables. Cette interprétation a connu une large fortune dans la littérature sicilienne et italienne postérieure. Nous nous proposons ici d’examiner les ressorts et les modalités de cette relecture critique du Risorgimento. En nous appuyant sur I Vicerè (1894) et sur L’Imperio (publication posthume de 1929) nous nous appliquons à montrer tout que cette représentation doit à deux éléments complémentaires. D’une part, elle relève d’une matrice catholique sécularisée. En effet, malgré l’anticléricalisme affiché par l’auteur, la conception et l’interprétation de l’histoire de De Roberto apparaissent profondément marquées par des motifs catholiques tels que la présence d’un péché originel qui condamne l’individu, l’impossibilité de prouver et de gagner son salut sur terre, la représentation cyclique du temps comme une succession de renaissances illusoires et de chutes inéluctables. D’autre part, l’interprétation critique du Risorgimento apparaît liée à la trajectoire sociale propre à l’auteur. En effet, le processus d’unification nationale a entraîné le déclassement social de la famille de l’auteur et un important malaise familial qui se reflète dans ses œuvres. Dans ce contexte, la vision d’inspiration catholique permet à Federico De Roberto de rationaliser ces échecs et ces déceptions.
Keywords