INRAE Productions Animales (Dec 2009)
Modélisation des interactions digestives et de la production de méthane chez les ruminants
Abstract
L’adéquation des apports alimentaires aux besoins des animaux et la prévision précise de leurs réponses aux pratiques alimentaires nécessitent de quantifier les éventuelles interactions digestives (non-additivité des valeurs potentielles des aliments au sein d’un régime). Deux bases de données ont été constituées de manière indépendante pour modéliser les effets spécifiques du niveau alimentaire et de la proportion d’aliment concentré (PCO) sur la digestibilité de la matière organique (dMO) du régime, sur les pertes énergétiques aux niveaux fécal, urinaire et de la production de méthane afin d’en déduire les conséquences sur les valeurs énergétiques des rations. La première base de données, BOVIDIG, rassemble 571 expériences (1482 traitements) sur bovins avec des mesures de digestibilité in vivo de la matière organique et la seconde, RUMENER, 151 expériences (1021 traitements) avec des mesures du métabolisme énergétique sur bovins, ovins et caprins. Les résultats issus de ces deux bases sont globalement cohérents entre eux : l’augmentation de NA se traduit par une diminution de la digestibilité de la dMO , ou de l’énergie, qui est en partie compensée par de moindres pertes d’énergie aux niveaux urinaire et du méthane. L’accroissement PCO dans la ration entraîne une augmentation de la dMO, d’autant plus importante que la fraction fourrage associée est peu digestible et le niveau alimentaire, faible. La production de CH4 répond de façon curvilinéaire à PCO. De ces résultats, il ressort que l’évaluation de l’impact énergétique des interactions digestives ne peut se faire que sur la base de la dMO. Les équations proposées permettent d’estimer, à partir de critères alimentaires simples (NA et PCO), les corrections à apporter sur la valeur énergétique des rations des différentes espèces de ruminants. Ces corrections sont un peu plus importantes pour les rations moyennes que les corrections actuelles des systèmes INRA, mais elles sont du même ordre de grandeur pour les rations «intensives» à fortes valeurs de PCO et NA.