Akofena (Dec 2024)
Regards croisés sur les valeurs ancestrales et les valeurs démocratiques dans Le costume sacré de Samba Niaré
Abstract
Résumé : L’environnement socio-culturel et politique africain est régi par un type de pouvoir endogène détenu par les religions du terroir. Garant de la stabilité hiérarchique du groupe et gage d’un développement serein, ce type d’autorité africanisée semble se désacraliser et s’effriter au contact de la mondialisation. Ce souffle d’une nouvelle ère identitaire aux empreintes occidentales, ce vent de la démocratisation de la décennie 1990, vont profondément submerger et perturber l’organisation des valeurs socio-culturelles de la société malienne. C’est dans ce contexte de globalisation tous azimuts que Le Costume Sacré, une pièce de théâtre de trois tableaux du Malien Samba Niaré, présente ce chamboulement structurel. Sous le prisme d’une compétition traditionnelle, les deux grands danseurs du village, Kèfa et Kouroubé, doivent être départagés par le conseil du N’tomo.[1] L’élu du Tèrè[2] portera le n’domokun[3] pour la Soyala[4]. Au cours des festivités, le masque servant de trophée est frauduleusement dérobé. Cette transgression sociale est une machination de Kèfa. Il s’estime le seul apte à porter le masque. Avec cette introduction de la fraude, le village fait face à la désacralisation et à la souillure d’un élément ancestral, souffle de la communauté. C’est cette métaphore du monde de la démocratie, du dérèglement des valeurs morales sociopolitiques et ses errements que cette pièce tente de souligner. Mots-clés : Corruption, Fraude électorale, Démocratie, Désacralisation, Tradition [1] Société d’initiation bamanan des non-circoncis. [2] Danse du n’tomo. [3] Le masque du n’tomo, l’emblème de la société secrète.[4] Festivités de la société secrète des non-circoncis, c’est la première initiation des hommes en milieu bamanan.