Babel: Littératures Plurielles (Jun 2009)
Le règlement de compte littéraire au siècle d’or : quand la fiction doit détruire la réalité
Abstract
Cet article propose l’étude des rapports entre un auteur original et un auteur apocryphe, tels qu’ils s’expriment au sein de la fiction elle-même. La littérature espagnole du Siècle d’Or offre deux cas aussi remarquables que connus de cette situation littéraire – Don Quijote de la Mancha (1605 et 1615) et Guzmán de Alfarache (1599 et 1604) – où la fiction devient le double lieu de l’invention narrative et de la critique de l’apocryphe, médiatisée et permise par les éléments propres à la technique narrative mais tirés aussi de la réalité éditoriale que constitue l’imposture : les deux œuvres se composent de deux parties, et par là même fonctionnent de façon spéculaire non seulement par rapport à elles-mêmes mais aussi par rapport aux textes apocryphes qui furent élaborés et publiés entre les deux parties de l’original. Cette imbrication donne au fait littéraire une dimension métalittéraire et scelle le statut de l’auteur authentique par rapport à l’apocryphe, qui n’en demeure pas moins auteur pour la postérité.
Keywords