Revue Forestière Française (Feb 2017)

Adapter les itinéraires sylvicoles pour atténuer les effets du changement climatique. Résultats pour la chênaie sessiliflore française à partir des réseaux d’expérimentations sylvicoles

  • François Lebourgeois,
  • Raphaël Trouvé,
  • Jean-Daniel Bontemps,
  • Catherine Collet,
  • Sébastien Daviller,
  • Fabien Spicher,
  • François Ningre,
  • Daniel Rittié,
  • Claudine Richter,
  • Ingrid Seynave

DOI
https://doi.org/10.4267/2042/62970
Journal volume & issue
Vol. 69, no. 1

Abstract

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Les effets de la densité du peuplement et de la sécheresse estivale ont été analysés sur la croissance en diamètre et en hauteur du Chêne sessile (Quercus petraea) à l’échelle du peuplement et de l’arbre. Les données des inventaires dendrométriques issues de deux réseaux d’expérimentations sylvicoles ont été utilisées (réseaux LERFOB et GIS Coop, 9 sites, 31 placettes, 99 inventaires, âges de 10 à 120 ans). Ces réseaux étudient les effets de larges gradients de densité, depuis des arbres en croissance libre (relative density index, ou RDI, proche de 0) jusqu’à des situations de densité maximale avec des phénomènes d’autoéclaircie (RDI supérieur ou égal à 1). Les conditions climatiques varient de 660 à 850 mm par an pour un gradient thermique de 9,5 à 11,5 °C (moyenne 1990-2010). D’une façon générale, la densité module très fortement la croissance des arbres et du peuplement, la sécheresse jouant un rôle secondaire mais néanmoins significatif. Les arbres dominés participent peu à la croissance du peuplement et ceci est d’autant plus vrai que le peuplement est dense. La sécheresse réduit la croissance et ceci particulièrement pour les arbres non dominants. Ainsi densité et sécheresse ont le même effet, c’est-à-dire qu’elles accentuent les différences de croissance entre arbres quand les contraintes augmentent. En allouant davantage de ressources à leur croissance en diamètre par rapport à leur croissance en hauteur, les arbres dans les peuplements ouverts sont « trapus ». Au contraire, dans les peuplements denses, c’est la « course à la lumière » avec une croissance en hauteur accrue et ceci d’autant plus que l’arbre est dominé. Dans tous les cas, la sécheresse réduit davantage la croissance en hauteur que la croissance en diamètre. Enfin, après une sécheresse exceptionnelle (1976), la récupération des arbres a été la plus rapide sur les sites les plus secs (récupération après 2 ans) et elle fut très faible pour les arbres dominés dans les peuplements les plus denses (toujours pas de récupération après 7 ans). Ces résultats suggèrent une meilleure adaptation des chênes sessiles dans les conditions plus sèches.