INRAE Productions Animales (Oct 2023)

Précocité, efficience et résilience des femelles allaitantes

  • Pauline MARTIN,
  • Sébastien TAUSSAT,
  • Aurélie VINET,
  • Frédéric LAUNAY,
  • Dominique DOZIAS,
  • David MAUPETIT,
  • Daniel VILLALBA,
  • Nicolas FRIGGENS,
  • Gilles RENAND

DOI
https://doi.org/10.20870/productions-animales.2023.36.3.7300
Journal volume & issue
Vol. 36, no. 3

Abstract

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Dans un contexte économique et environnemental où l’élevage est de plus en plus questionné, la précocité, l’efficience alimentaire et la résilience sont devenus des points d’intérêt majeurs de par leur rôle potentiel pour améliorer l’efficience globale des élevages. Pour explorer ces caractères et les liens qui les unissent dans les systèmes allaitants, une expérimentation de grande envergure a été menée entre 2011 et 2021 sur 650 femelles charolaises. Cette expérimentation se découpait en trois périodes que les animaux effectuaient successivement : l’étude de la précocité sexuelle et de développement, l’étude de l’efficience alimentaire au travers de l’ingéré résiduel à deux ans, puis l’étude de la réponse à un challenge alimentaire (composé d’une phase de restriction et d’une phase de récupération) au cours de la lactation. Cet article regroupe l’ensemble des résultats obtenus. Si la précocité sexuelle définie par l’âge à la puberté est fortement liée à l’environnement (conduite, alimentation…) et notamment à la saison de naissance, l’héritabilité du caractère est néanmoins modérée (0,21 ± 0,08). Elle est également corrélée génétiquement avec un petit poids à la naissance et une forte croissance pré-sevrage. L’efficience alimentaire des animaux de deux ans est peu héritable (0,09 ± 0,08) mais corrélée favorablement avec la précocité. Face au challenge alimentaire, les vaches ont des réponses équilibrées entre perte de production laitière et mobilisation de réserves corporelles mais cette réponse moyenne de la race cache des disparités entre individus. Enfin, les génisses les plus efficientes présentaient des productions laitières amoindries une fois en lactation par rapport à leurs homologues inefficientes (jusqu’à − 0,7 kg de lait par jour en milieu de lactation soit environ 10 % de moins), ainsi que des retours en chaleurs plus long dans le cadre de la restriction alimentaire. Ces résultats promeuvent l’importance de considérer l’efficience sur le long terme en prenant en compte ses différentes composantes et de ne pas réaliser une sélection génétique sur une efficience alimentaire mesurée sur un moment court et unique pendant la phase de croissance.