Alternative Francophone (Dec 2024)

De l’absence à l’omniprésence de la traduction. Stratégies d’écriture dans le domaine francoprovençal rhônalpin

  • Manuel Meune

DOI
https://doi.org/10.29173/af29515
Journal volume & issue
Vol. 3, no. 5

Abstract

Read online

Le francoprovençal, parlé historiquement en France, en Suisse et en Italie, a été langue de communication orale dès le 6e siècle et langue littéraire depuis le 13e siècle. Diffusé à partir de Lyon de part et d’autre des grands cols alpins, il comprend de nombreux dialectes, mais a souvent affiché son autonomie face au français. La production de textes en francoprovençal est désormais rare dans la région Rhône-Alpes, y compris en Savoie ou en Bresse, où il reste des locuteurs. La diffusion de la langue est devenue indissociable de la traduction vers le français s’il s’agit de trouver un public, même restreint — d’autant que les personnes comprenant encore la langue ne sont guère habituées à la lire. Pourtant, il fut un temps, notamment au 17e siècle, où l’on publiait des épopées ou du théâtre en francoprovençal sans traduction d’appoint. Seul le paratexte était en français. Au tournant du 20e siècle, nombreuses étaient encore les chroniques qui, dans les journaux locaux, étaient publiées uniquement en « patois ». Puis, à mesure que l’assimilation linguistique a progressé après 1945, le français est apparu aux côtés du francoprovençal, en particulier dans des bulletins d’associations de patoisants ou les glossaires, qui se sont multipliés depuis les années 1980 et sont souvent accompagnés d’histoires bilingues. La traduction vers le francoprovençal joue également un rôle, mais enrichie de commentaires métalinguistiques en français et surtout dans le cas de bandes dessinées ou de fables facilement accessibles en langue originale. Alors que la langue autochtone est devenue presque inaudible dans l’espace public, nous cherchons à illustrer les enjeux existant autour de la traduction, qu’il s’agisse d’autotraduction et d’écriture double (deux langues en regard), de coexistence des langues pour refléter l’ancienne diglossie sociétale, ou encore de la question de la graphie — régionale ou supradialectale selon le cas.

Keywords