E-Spania (Feb 2014)

Le fleuve en deuil : fortune d’un motif de l’élégie funéraire espagnole de la Renaissance

  • Roland Béhar

DOI
https://doi.org/10.4000/e-spania.23019
Journal volume & issue
Vol. 17

Abstract

Read online

Dans sa première Élégie, poème funéraire composé en l’occasion de la mort du jeune frère du duc d’Albe (1535), Garcilaso de la Vega introduit dans la poésie espagnole un saisissant symbole de la douleur, nouvelle formule pathétique (Pathosformel) : le dieu-fleuve éploré. Cette image occupe le milieu de la première partie de l’Élégie, tandis que, dans la seconde, l’évocation du sépulcre permet la consolation. Deploratio et consolatio se répondent par ces deux images, selon un schéma que les disciples de Garcilaso reprennent au fil du XVIe siècle. Le meilleur exemple en est l’ensemble de poèmes composé par Fernando de Herrera et ses amis en ouverture de ses Obras de Garcilasso de la Vega (Séville, 1580), comparable aux « tombeaux » français contemporains. L’édition de l’œuvre devient alors métaphoriquement le monument abritant l’esprit du poète, de même que le tombeau renferme son corps. Lancé par Herrera, ce schéma est ensuite repris et amplifié, ainsi pour Góngora, avec le Túmulo honorario que compose en son honneur Pellicer au début de ses Lecciones solemnes (1630), ou pour Lope de Vega, avec la Fama póstuma (1636).

Keywords