Ziglôbitha (Oct 2023)
Recréer la mémoire collective : Les lieux fondateurs de l’origine dans l’œuvre de Patrick Chamoiseau
Abstract
Résumé : Le propre de l’écriture de Patrick Chamoiseau est qu’elle s’inscrit dans une perspective identitaire. L’écrivain revisite l’époque précoloniale pour trouver les traces lui permettant de réinventer la mémoire collective car le défaut de continuité avec le passé instaure une crise d’identité. Par la recréation des lieux d’appartenance identitaire, l’écrivain veut fonder une origine. À ce titre, la cale du bateau négrier acquiert une valeur cosmogonique, elle est représentée comme un ventre maternel dans lequel a eu lieu une gestation infâme, une malédiction. En effet, la descente dans la cale du bateau va entamer une nouvelle vie pour l’esclave déporté. Ce dernier est mort symboliquement pour renaître sous une autre forme. Contrairement à la cale qui est représentée comme un lieu infernal, la forêt est représentée comme un lieu salvateur. Située aux antipodes de la plantation esclavagiste, elle permet à l’esclave d’accéder à sa personne avant de mourir. Ce dernier y sort de son inertie et répond à l’appel de vie, il redevient l’Homme qu’il était avant la malédiction. Le recours au merveilleux confère à ce lieu une dimension mythique, en insistant sur l’aspect sauvage de cette forêt mirifique, l’écrivain donne à la fuite de l’esclave un aspect grandiose, en affrontant plusieurs obstacles, ce dernier fait preuve de courage et de bravoure, il meurt comme un héros légendaire, ce qui est une façon de remédier à l’absence d’un héros populaire. Mots clés : Quête identitaire- mémoire collective- lieux mythiques- origine - cosmogonie-esclavage- malédiction - renaissance- réinvention mémorielle et identitaire