Iris (Oct 2021)

Le corps-énergie : expérimentation, théorie et pratique

  • Claude Fintz

DOI
https://doi.org/10.35562/iris.2365
Journal volume & issue
no. 31
pp. 93 – 105

Abstract

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Au travers des expérimentations multiformes de chez Michaux, le corps, dans sa globalité charnelle et mentale, apparaît comme un avatar de l’énergie : un manchon de vent qui stabilise provisoirement un paquet d’énergies, voilà ce que la drogue apprend de la réalité du sujet. Cette interprétation métaphysique de l’énergie en vient à fonder sa pratique artistique : l’énergie, jamais neutre, prend une coloration affective, accessible à une forme de connaissance émotionnelle. C’est ainsi également que Michaux, par sympathie, comprend la folie comme un phénomène énergétique et il reprend contact avec certains aspects méconnus de l’imagination créatrice et participante ; l’artiste (re)connaît « comment les choses se tiennent » sous la surface phénoménale. Il découvre en outre une utilisation singulière de l’énergie, à travers sa pratique de la malédiction. Puis, passant de l’art à l’art de vivre, il apprend enfin à utiliser l’énergie de ses échecs. Michaux par le corps-énergie accède à un savoir sur la nature du Réel : toute matière (et toute trace) s’avère être de l’énergie que l’on peut domestiquer, transformer et transmettre. Car celle‑ci se transmet à travers le corps, d’un esprit à un esprit, soulignant ainsi le lien qui existe entre corps et esprit, et production et réception des signes.