Ondina - Ondine (May 2018)
Comment changer une grenouille en prince ? Les metamorphoses traductives de « Der Froschkönig oder der eiserme Heinrich» en anglais, d' Edgar Taylor a Philip Pullman
Abstract
La fortune des Kinder- und Hausmärchen (1812-1857) doit beaucoup aux traducteurs et illustrateurs qui ont façonné un imaginaire des contes de Grimm parfois très éloigné des récits réunis par les érudits allemands. Tel est le cas de la première traduction anglaise de « Der Froschkönig oder der eiserne Heinrich ». L’histoire de la réception de ce conte emblématique débute avec « The Frog-Prince », une libre traduction-adaptation d’Edgard Taylor et de son collaborateur David Jardine parue dans German Popular Stories (1823-1826). Destinée à de jeunes lecteurs, cette première traduction (ou transcréation) rencontrera un succès considérable en Angleterre et au-delà. Suivront de nombreuses retraductions qui se distinguent par leur « fidélité » à la source allemande, ou poursuivent le travail d’infantilisation dans des livres illustrés ou des albums pour la jeunesse. Cet article s’attache en particulier à une version récente de Philip Pullman dans Grimm Tales for Young and Old (2012) réalisée à partir des traductions classiques de Margaret Hunt, Ralph Manheim et Jack Zipes. « The Frog-King, or Iron Heinrich » récapitule en quelque sorte l’histoire de la réception anglaise du conte des Grimm, tout en proposant une lecture inédite de cette histoire plus singulière qu’elle n’en a l’air, en mettant en évidence la dimension « queer » du récit. Chaque traduction s’apparente ainsi à une relecture (retelling) créative et critique d’un conte lui-même palimpseste, dont elle souligne les infinies capacités de métamorphose – à l’image de la grenouille enchantée. Mots clé: Le Roi Grenouille, Edgar Taylor, Philip Pullman, études de traduction, étude des contes