Recherches (Nov 2020)

Le mensonge et ses doubles

  • Isabelle Smadja

DOI
https://doi.org/10.4000/cher.377
Journal volume & issue
Vol. 25
pp. 135 – 144

Abstract

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Isabelle Smadja, dans son article, examine l’usage flottant du mensonge, maître tout à la fois d’erreur et de vérité, dans quelques-unes des pièces de deux dramaturges argentins nés peu après 1960, Claudio Tolcachir et Rodrigo García. Elle se propose de montrer l’usage antithétique que chacun fait du mensonge : car si, dans le théâtre de Tolcachir, mentir au théâtre provoque un effet de réel qui redouble, paradoxalement, l’effet de vérité, l’objectif de García paraît être d’obliger à une distanciation par le rappel systématique que tout n’est que mensonge. Aussi différents que soient les théâtres de Tolcachir et de Garcia, ils expriment tous deux tant la vérité du mensonge que le mensonge de la vérité: l’oscillation permanente entre la franchise qui semble émaner de la voix de Garcia et les mensonges qu’il dit proférer nous rappelle que les relations humaines, toujours évolutives, se situent en-deçà du vrai et du faux. Et de même en est-il de Tolcachir lorsqu’il montre combien le mensonge d’un individu peut révéler la vérité sur lui, et combien cette vérité parfois n’est autre qu’un désir de mentir pour ne pas se dévoiler. Le corpus comprend les pièces suivantes : Jardinage humain, Golgotha Picnic, Roi Lear, Bleue, saignante, à point, carbonisée, de Rodrigo Garcia et Tercer Cuerpo. (L’histoire d’une tentative absurde) de Claudio Tolcachir.

Keywords