Belas Infiéis (Apr 2020)

Essai d’antologuer les préfaces des traductions roumaines du XIXe siècle

  • Ioana Simina Frincu

DOI
https://doi.org/10.26512/belasinfieis.v9.n3.2020.30832
Journal volume & issue
Vol. 9, no. 3
pp. 41 – 57

Abstract

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Insuffisamment exploités dans l’histoire et l’historiographie de la traduction roumaine, les discours préfaciers accompagnant les traductions roumaines du XIXe siècle montrent l’éclectisme des approches des traducteurs roumains dans une période de transition, trouble sur tous les plans. Nous avons tracé, grâce à un corpus de quelques dizaines de paratextes, des lignes directrices concernant la perception de l’activité traduisante de l’époque, grâce à ces témoignages de traducteurs, occasionnels ou consacrés, dont le mérite est d’avoir fait œuvre de pionniers et d’avoir fait découvrir au lectorat roumain les productions culturelles de l’étranger. Malgré les dérapages ou les abus traductifs, l’accent a porté sur les éléments prouvant que le texte traduit ne représente pas une traduction littérale, mais la création du traducteur, résultat d’un acte interprétatif élaboré, complexe (parfois digne de rivaliser en complexité avec l’original même). L’orientation clairement cibliste de la majorité des transpositions en roumain des textes étrangers, les interventions trop tranchantes par rapport au texte source où l’adaptation va de l’ethnocentrisme à une restructuration massive, à la fois sur le plan du signifié que sur celui du signifiant, nous légitiment de les classifier de dérivés de la traduction proprement dite. Cet article ne se propose pas de porter des appréciations, favorables ou dénigrantes, concernant les performances des traducteurs sur lesquels nous nous sommes arrêtés, mais de mettre en valeur l’existence en soi de ces mini-traités de traduction où les traducteurs verbalisent, sinon conceptualisent, les difficultés de traduire vers une langue qui n’était nullement formée, achevée et maturée. Cependant, le commentaire péremptoire du traducteur n’autorise pas la critique de sa création, soumise à des engagements nobles tels que l’éveil nationaliste, l’accomplissement de la langue, le développement et l’organisation de l’enseignement. Le penchant autoréflexif identifié dans le métadiscours du traducteur et le désir de justifier ses options traductives nous aident à retracer les origines de la critique des traductions en Roumanie. Ainsi, de par leur contenu théorique et idéologique, certaines préfaces-manifestes montrent que les traductions du XIXe siècle sont le résultat d’un travail acharné, d’une détermination forcenée et d’admirables ambitions d’ouvrir des voies, de tracer des routes aux autres qui suivront leur exemple pour en faire mieux.

Keywords