M@GM@ (Dec 2020)

L'art doit changer le monde

  • Hervé Fischer

Journal volume & issue
Vol. 18, no. 03

Abstract

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L'art a pu être une célébration ou un divertissement pour les fêtes aristocratiques, bourgeoises ou populaires. Mais dans les sociétés « premières », c'était avant tout un rituel sacré multimédia de solidarité tribale et de communication avec les esprits. Des règles strictes excluaient toute esbroufe ou tricherie. C'est demeuré vrai dans l'art iconique religieux. Mais depuis l'exposition à Paris en 1882 des Arts incohérents, le mouvement Dada et l'Urinoir de Marcel Duchamp en 1917, c'est la liberté d'expression de l'art qui est devenue sacrée. Et plus que jamais individualiste. Cette liberté inclut depuis Les horreurs de la guerre de Goya et les gravures des caricaturistes à la Daumier au XIXe siècle un droit de contestation sociale qui était exclu par le statut traditionnel de courtisans des artistes en quête de commandes pour créer. Aujourd'hui, les arts visuels se partagent entre l'art ordinaire des galeries commerciales touristiques, l'art des artistes audacieux sans galerie ni marché pour assurer leur subsistance, et l'art comme produit financier de spéculation des courtisans du capitalisme au pouvoir. C'est à partir de ce constat désolant qu'on pourra comprendre les propos qui suivent.

Keywords