Revue Gouvernance (Jan 2019)

Ce que le développement fait au traitement d’un passé violent. Élites et pratiques de la « réparation communautaire » au Maroc

  • Frédéric Vairel

DOI
https://doi.org/10.7202/1063718ar
Journal volume & issue
Vol. 16, no. 1

Abstract

Read online

Cet article analyse le programme de réparation communautaire issu des recommandations formulées en 2005 par l’Instance Équité et Réconciliation, la Commission vérité marocaine. Il interroge la façon dont les prescriptions internationales en matière de gestion des passés violents, ladite « justice transitionnelle », influencent les dynamiques locales d’élaboration et de mise en oeuvre du programme et comment, dans le même temps, l’action publique s’inscrit dans des logiques qui la précèdent, à ses différentes échelles. Le texte souligne deux processus. D’une part, la réparation communautaire met en lien des acteurs aux ressources et aux positionnements divers : militants entrés en politiques publiques, administrations, collectivités locales, associations, bailleurs de fonds, agence de mise en oeuvre (Caisse des dépôts et de gestion). Les investissements multiples dont la réparation fait l’objet sont au principe de définitions hétérogènes du programme. De l’autre, la réparation communautaire est formulée en termes de gouvernance et mise en oeuvre de façon managériale : l’internationalisation et l’inscription dans un ensemble de réformes menées sans toucher aux équilibres du système politique vont de pair. L’enquête révèle cependant le déploiement de politisations inattendues. Ces dernières opèrent dans la captation des fonds du programme, qui permet à des leaderships locaux de consolider leur assise ou de se déployer, dans un contexte de stress sur les ressources.

Keywords