Recherches (Dec 2015)

Crises de l’art moderne latino-américain, 1920-1980 : le rôle de Marta Traba dans la rupture et la recherche d’un nouvel ordre artistique

  • Elsa Crousier

DOI
https://doi.org/10.4000/cher.3757
Journal volume & issue
Vol. 15
pp. 209 – 219

Abstract

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Si l’Amérique latine a obtenu son indépendance politique à partir du début du xixe siècle, son indépendance artistique, en revanche, a été le fruit d’une plus lente évolution. Au xixe et au début du xxe siècle, l’art pictural latino-américain n’est encore qu’un prolongement des mouvements artistiques européens et nord-américains. C’est dans ce contexte que germe puis éclate une puissante crise identitaire, qui conduit à une contestation de cet « ordre artistique néocolonial », d’abord par le biais de mouvements artistiques nationaux, mais surtout avec l’apparition d’un nouveau discours global sur l’art (1950-1980). Marta Traba (1930-1983) est la première critique d’art latino-américaine à développer des théories sur ce sujet qui vont aller au-delà de la seule idée de rupture. En mettant en valeur la production artistique de l’Amérique latine, en encourageant une création picturale capable de résister aux influences néocoloniales et mieux à même d’incarner l’identité culturelle latino-américaine, elle opère un renversement qui dessine les contours d’une nouvelle norme artistique, comme le suggérait déjà la formule de J. Torres García : « Notre Nord est le Sud ». En quoi la crise identitaire de l’art latino-américain se construit-elle d’abord en négatif, contre un carcan artistique qu’elle considère comme néocolonial ? Comment alors, à partir de cette rupture, l’œuvre critique de Marta Traba ouvre-t-elle la voie, constructivement, à de nouveaux principes créatifs et à de nouvelles formes d’expression ?

Keywords