Trayectorias Humanas Trascontinentales (Mar 2018)

« Être » et « devenir » desplazado à Soacha : les effets de catégorisation sur les sociabilités urbaines et sur la recomposition des violences dans les cinturónes de miseria(s)

  • Tiphaine Duriez

DOI
https://doi.org/10.25965/trahs.695
Journal volume & issue
no. HS 2

Abstract

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L’un des effets les plus visibles du conflit armé interne colombien réside dans les mouvements de population provoqués dans son sillage. Ils concernent près de sept millions deux cent mille citoyens qui se sont vus contraints de quitter leurs lieux de résidence en réponse aux multiples effets des affrontements armés qui traversent ce vaste territoire depuis plus d’un demi-siècle. Dès 1997, le gouvernement a adopté une loi visant à protéger ces « desplazados ». Cependant, en légiférant sur cette pratique de guerre, il en a aussi fixé les manifestations spatiales, temporelles et situationnelles. Ainsi, de « migrants dans la guerre » les desplazados sont devenus des migrants « de » la guerre. Empreints d’une altérité sans cesse réajustée selon les besoins politiques du temps présent, ils ramènent dans leur sillage les échos d’une réalité armée frappée d’amnésie et reléguée au seul milieu rural. Mais, reste que les villes sont aussi touchées par ce phénomène, ne serait-ce que parce qu’elles « réceptionnent » ces mouvements. L’objet de cet article est d’illustrer les effets de la catégorie de « desplazado » sur les sociabilités urbaines. Le propos est d’expliquer comment elle participe à la reconfiguration des violences armées dans les cinturónes de miseria qui, aussi complexes soient-elles, ne sont pas directement concernées par le processus de paix.

Keywords