Passage de poissons du Rhône par les pompes d'irrigation de Camargue : premiers résultats

Abstract

Les pompes d'irrigation constituent la principale connexion aquatique entre l'île de Camargue et d'autres milieux d'eau douce. Nous avons suivi le passage de poissons dans 2 sites parmi les 15 stations de pompage du bassin du Fumemorte (68 km2) pendant toute la période rizicole, c'est-à-dire de fin avril à début octobre 1997. Les poissons peuvent survivre au passage par la pompe. En grande majorité, ce sont des individus de petites tailles (2-5 cm). Cependant, des individus de grandes tailles (jusqu'à 46 cm) sont passés vivants. On estime à 14 700 le nombre d'individus entrés en Camargue par la pompe du Sambuc, et à 98 000 pour l'ensemble du bassin du Fumemorte. Vingt-quatre espèces ont été capturées par pompage. Les espèces dominantes numériquement sont le gardon, l'anguille, le goujon et la brème bordelière. Ces résultats sont comparés aux données sur les peuplements d'autres milieux de Camargue, afin de discuter l'importance de l'immigration par pompage dans le fonctionnement des peuplements de poissons de Camargue. Ils suggèrent que (1) le pompage permet l'introduction d'espèces nouvelles en Camargue, (2) les populations de certaines espèces passant par les pompes ne sont maintenues en Camargue que par cette immigration (e.g., hotu, chevaine, barbeau), (3) les poissons utilisant les marais temporaires viennent davantage du réseau de drainage que du réseau d'irrigation (e.g., épinoche, gobie commun, athérine), et (4) certaines espèces pompées ont des populations abondantes en Camargue (e.g., anguille, Pseudorasbora parva, ablette, brèmes), pour celles-ci, l'importance de l'immigration par pompage dans le fonctionnement de leurs populations en Camargue reste difficile à évaluer.