SHS Web of Conferences (Jul 2012)
Quelles images de la phrase dans les écrits d’élèves de fin d’école primaire française ? Description linguistique et réponses didactiques aux difficultés des élèves
Abstract
Les écrits d’élèves constituent un corpus complexe à décrire pour le chercheur. Les productions ne sont pas homogènes d’un élève à un autre et l’enseignant est souvent démuni devant une telle diversité. Notre objectif est d’interroger la syntaxe écrite d’élèves de fin d’école primaire, en particulier sur le plan de la segmentation. Nous rappelons tout d’abord que, dans la grammaire scolaire, il est principalement fait référence à une phrase « graphique », pourtant critiquée, voire rejetée, par de nombreux linguistes. Nous proposons par la suite de recourir à une phrase que nous dénommons « syntaxique » (définie dans Feuillard (1989)) et nous nous efforçons de montrer que la phrase « syntaxique » est une unité opératoire possible pour rendre compte des compétences effectives des élèves. En effet, en mesure de segmenter des productions écrites non normées, elle permet notamment de dissocier la segmentation elle-même et les effets de la segmentation que sont les signes de ponctuation et/ou les connecteurs. Les textes d’élèves observés sont décrits et analysés grâce, d’une part, au découpage en phrases « syntaxiques » et, d’autre part, à la mise en regard des phrases « syntaxiques » et des phrases « graphiques ». La segmentation est ensuite ramenée à la question du passage à l’écrit, examinée d’un côté à travers l’oralité, dont les textes, produits par des élèves dotés d’un « savoir-faire [d’abord] oral » (Béguelin, 2000), comportent des traces, mais aussi d’un autre côté à travers la brièveté. En effet, les productions d’écrits scolairement valorisées, autrement dit les productions vues comme marquant un passage à l’écrit réussi, semblent se caractériser par un moins grand écart entre le nombre de phrases « syntaxiques » et le nombre de phrases « graphiques ». Nous concluons notre propos en adoptant le point de vue de l’enseignant, premier lecteur et principal évaluateur des écrits scolaires, et en proposant une simplification des « savoirs à enseigner » (Chevallard, 1985).