Flamme (Dec 2023)

Des maux et des méchants : mise en récit et qualification du mal au cinéma

  • Benoît KASTLER

DOI
https://doi.org/10.25965/flamme.1288
Journal volume & issue
no. 3

Abstract

Read online

Cet article entreprend de traiter du Méchant dans la cinématographie par le prisme de la place que la narration lui laisse au cœur de l’œuvre. Nous aimerions montrer que moins l’histoire et les relations d’un personnage sont connues et déployées au sein de la diégèse cinématographique, plus il est facile d’en faire un Méchant, comme le montre notre étude sur les films d’horreur (Kastler, 2021). A contrario, dès lors que celui-ci est traité à l’égal d’un Gentil en termes de narration, dès lors que son histoire personnelle, celle de ses proches, des objets qui l’entourent et du contexte dans lequel il évolue sont rendus visibles et développés par interrelations au sein de la diégèse, comme dans le film Joker (2019), alors la dichotomie Bien/Mal s’estompe pour laisser place à un profil de personnage plus moderne, plus ambigu, dont les racines du Mal sont hétérogènes. Il est alors plus réaliste, car il répond mieux à la complexité psycho-sociale d’un individu réel, avec ses forces et ses faiblesses, ses vertus et ses vices. La qualification du Mal, dès lors qu’on l’approfondit par le récit, se fait à l’aune de reconsidérations morales. La familiarité d’avec un personnage tend à relativiser ses mauvaises actions – sans pour autant les justifier – tandis qu’à l’inverse, un personnage foncièrement bon mais dont on ne connaît rien n’émeut pas.

Keywords