Connexe (Dec 2021)
Ni Rouges, ni Blancs. Quelques observations sur les insurrections paysannes durant la Guerre civile en Russie–Ukraine (1918–1922)
Abstract
Cet article présente une synthèse des nouvelles connaissances sur la place de la paysannerie durant la Guerre civile en Russie de 1918 à 1922, obtenues grâce aux ouvertures des archives dans les années 1990 et leurs publications partielles par l’historien Viktor Danilov et le sociologue Teodor Shanin. Sans forcément bouleverser complètement l’image que l’on pouvait avoir précédemment sur cet épisode crucial de l’histoire russe du XXe siècle, elles la modifient ou la précisent sur bien des points. Tout d’abord, les soulèvements contre le pouvoir soviétique, bien plus nombreux qu’on ne le croyait précédemment, ont joué un rôle souvent décisif dans le déroulement de la Guerre civile et notamment dans la décision d’instaurer la NEP. Ni « Rouges » ni « Blancs », les paysans s’opposaient à la politique prédatrice des uns et des autres. Toutefois, ce que l’on trouve dans les archives, ce sont les récits des soulèvements dont beaucoup ont pour point de départ les réquisitions de blé par le pouvoir bolchevique, opérées par les détachements spéciaux, ou les enrôlements forcés dans l’Armée rouge. Ces révoltes sont d’envergures diverses. En effet, elles peuvent impliquer un seul village à des régions entières, quelques dizaines de personnes à plus de cent mille. Loin d’être monarchistes, les slogans des insurgés nous montrent un rejet de l’ancien régime et une adhésion aux soviets accompagnés d’un refus violent des bolcheviks, assimilés à des voleurs et des profiteurs. Les archives révèlent enfin dans le détail, certes la violence des insurgés, mais surtout celle de la répression massive dont ils furent les victimes.
Keywords