Les Ateliers de l’Ethique (May 2011)

Propriété de soi et indifférence morale du rapport à soi

  • Nathalie Maillard Romagnoli

Journal volume & issue
Vol. 6, no. 1
pp. 4 – 15

Abstract

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Je m’interroge dans cet article sur les implications du principe libertarien de la pleine propriété de soi sur la question du rapport moral à soi-même. À travers le principe de la pleine propriété de soi, les libertariens défendent la liberté entière de chacun de vivre comme il l���entend, pourvu que les droits des autres soient respectés. Apparemment, ce principe n’a pas grand-chose à nous dire sur ce que nous sommes moralement autorisés à nous faire à nous-mêmes ou non. Certains libertariens, comme Vallentyne, soutiennent toutefois que le principe de la pleine propriété de soi est incompatible avec l’existence de devoirs envers soi. La pleine propriété de soi impliquerait l’indifférence morale du rapport à soi. Je soutiens dans cet article que le principe de la pleine propriété de soi n’implique pas que ce que nous nous faisons à nous-mêmes soit moralement indifférent. Je veux aussi montrer que même si les libertariens, et en particulier Vallentyne, soutiennent la thèse de l’indifférence morale du rapport à soi, celle-ci n’est pas liée à la thèse de la pleine propriété de soi, mais bien plutôt à leur subjectivisme moral.ABSTRACTI ask in this article what the libertarian principle of full self-ownership has to say about volontary actions directed towards oneself. Through the principle of full self-ownership, libertarians defend the persons’ individual liberty to live as they choose to do, as long as they don’t infringe on the rights of others. Apparently, this principle doesn’t have much to say about what we are morally allowed to do to ourselves or not. Some libertarians, however, like Vallentyne, maintain that, if we have duties or obligations to ourselves, then we cannot be full self-owner. In this perspective, full self-ownership would imply that what we do to ourselves is morally indifferent. I want to show in this article that full self-ownership is compatible with the existence of duties to ourselves. I also want to argue that, if libertarians, and in particular Vallentyne, assert the thesis of the moral indifference of what we do to ourselves, this is not a consequence of the selfownership thesis, but of their own moral subjectivism.

Keywords