Nuevo mundo - Mundos Nuevos (Jan 2014)

Antonio Berni. Les figures narratives, assemblées et gravées de Juanito Laguna, “chico pobre de Buenos Aires”, et de la prostituée Ramona Montiel

  • Jacques Poloni-Simard

DOI
https://doi.org/10.4000/nuevomundo.66240

Abstract

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Lors de la XXXIe biennale de Venise en 1962, Antonio Berni (1905-1981) reçoit le premier prix de dessin et gravure, avec un ensemble de gravures sur bois consacrées à Juanito Laguna, « chico pobre de Buenos Aires » ; à partir de cette date, il va retracer la vie quotidienne de son héros, avec ses joies et ses peines. Apparu à la fin des années 1950, le cycle consacré à Juanito Laguna représente une nouvelle étape dans la production artistique de Berni, et un profond renouvellement de son œuvre, par le recours au collage et à l’assemblage. Quelques années plus tard, un autre personnage verra le jour : Ramona Montiel, couturière et prostituée portègne, mais née à Paris, qui lui permet de dénoncer l’exploitation du corps féminin. Le prix de 1962 marque aussi un tournant dans la carrière de Berni. Il travaille et expose alors entre Paris et Buenos Aires, s’inscrivant, ici dans le courant de la Figuration narrative, promue par Gérald Gassiot-Talabot, là, dans les avant-gardes critiques des années 1960, en particulier le mouvement de la Otra Figuración. Cette « bilocalisation » fait que les récits imagés de Juanito Laguna et de Ramona Montiel sont l’objet d’une double analyse, en fonction de leurs contextes d’exposition. Dans le même temps, le succès argentin de ses héros, qui dépasse le seul domaine plastique, a aussi une projection et un écho latino-américains. Mais, au-delà des changements de style dans l’œuvre de Antonio Berni, la cohérence de son propos est manifeste, avec ses préoccupations autour de la thématique sociale et nationale, dans une perspective critique.

Keywords