Trayectorias Humanas Trascontinentales (May 2021)

Une héroïne confinée : la Petite dans moi qui n’ai pas connu les hommes de Jacqueline Harpman

  • Katherine Rondou

DOI
https://doi.org/10.25965/trahs.3519
Journal volume & issue
no. 9

Abstract

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Le motif de l’enfermement et de l’isolement sert de prétexte, dans Moi qui n’ai pas connu les hommes, à la réflexion existentielle d’une auteur résolument athée. Plongée dans un monde injuste auquel elle ne comprend rien, et dont elle ne peut s’échapper, privée de tout espoir d’intervention extérieure, l’héroïne de l’écrivain belge Jacqueline Harpman trouve toutefois en elle les ressources nécessaires pour donner un sens à son existence. La narratrice subit deux formes de confinements : un enfermement assorti d’une surveillance constante, en compagnie toutefois de compagnes bienveillantes, et un isolement radical, dans un espace désertique où elle jouit d’une totale liberté. Dans les deux cas, le confinement l’amène à développer sa capacité de résilience. Enfant, la Petite subit pendant une dizaine d’années une détention inique, qu’elle parvient à supporter en se ménageant une forme d’autonomie, par l’introspection et l’observation. Elle affermit son caractère et lorsque le hasard lui rend la liberté, elle s’adapte aisément à sa nouvelle vie, malgré les traumatismes de son enfance. La soif de connaissance qui l’a aidée à se structurer l’accompagne durant toute son existence, et lui offre un réel soutien lorsqu’elle doit affronter seule sa propre mort, après la disparition de ses compagnes. Son rapport au savoir connaît durant ces dernières années une nouvelle orientation : la transmission de ses connaissances, sous la forme du récit de ses accommodements avec le non-sens, dont elle doute toutefois qu’il trouve un jour un lecteur.

Keywords