Italies (Feb 2021)
Utopia con chimera
Abstract
Le roman L’Iguana (1965) d’Anna Maria Ortese est un récit de voyage au-delà des frontières de la réalité vers une destination qui est à la fois utopie et topos littéraire : l’insula non reperta d’Ocaña. La rencontre du protagoniste, un trentenaire à l’âme sensible et à l’esprit enfantin, issu d’une riche famille milanaise, avec le monstre du titre, déclenche une double réflexion, que notre article vise à éclairer : d’une part sur l’éloignement de l’humanité, entraînée par le capitalisme triomphant, de l’utopie qu’elle n’a de cesse de rêver ; d’autre part, sur le statut de l’Iguane, personnage chimérique, non moins monstrueux que désirable. Déchue (le mot est féminin en italien) d’une condition supérieure, elle révèle à son aspirant sauveur que sa propre misère est celle de la société tout entière, voire de l’existence elle-même, lui permettant ainsi d’entrevoir la possibilité d’une utopie sur terre.