Canadian Journal of Bioethics (Oct 2019)
Les restes humains anciens en France : entre objets de science et sujets de droit
Abstract
Depuis 40 ans, la multiplication des fouilles archéologiques de grands ensembles funéraires en France a entrainé un accroissement considérable des vestiges osseux humains dans les dépôts de fouilles de l’État. Ces restes ne font pas partie du mobilier archéologique stricto-sensu mais relèvent de la « documentation scientifique ». D’un côté, les exigences de la science commandent de mobiliser toutes les techniques disponibles afin de mieux connaître les populations qui nous ont laissé ces traces. De l’autre côté, des limites matérielles et culturelles conduiraient à voir dans les techniques d’échantillonnage un dispositif archéologique efficient. La mission d’intérêt général qu’est la recherche archéologique commande au contraire de porter un soin particulier à ces vestiges en les épargnant d’une vision trop gestionnaire et de court terme. Les vertus éthiques de l’excellence archéologique ne doivent pas être oubliées, ainsi le savoir archéologique doit-il d’abord porter une exigence de rigueur scientifique. Cette exigence première est notamment questionnée par les choix de gestion des collections des restes humains. Une seconde exigence éthique conduit à s’interroger sur les limites juridiques ou morales de la première. L’ambition de rigueur scientifique doit-elle être limitée dans certaines hypothèses, notamment lorsque la recherche porte sur des restes humains? Ces restes doivent-ils faire l’objet d’un statut juridique ou éthique spécifique qui tendrait à les distinguer des autres éléments du mobilier archéologique? L’article se propose d’aborder ces questions sous le prisme de l’étude du cas du corps parfaitement bien conservé de Louise de Quengo, noble bretonne du XVIIe découverte en 2014 à Rennes (France).
Keywords