Dubrovnik Annals (Jul 2017)
Parrains et voisins? Espace et parrainage en banlieue parisienne au XIXe siècle
Abstract
Située à proximité de Paris, Aubervilliers, au cours du XIXe siècle, connaît une forte croissance de sa population et une transformation de son tissu social avec l’arrivée de migrants et l’orientation des activités économiques vers l’industrie au détriment de l’agriculture traditionnelle. Dans le cadre d’une réfl exion générale concernant la place du parrainage dans la construction des liens sociaux et particulièrement de la sociabilité communautaire à l’échelle locale, la distribution spatiale des parrains et marraines des enfants baptisés dans l’unique église paroissiale de la localité a été analysée sur trois siècles, afi n de montrer la fi n progressive du parrainage entre voisins appartenant à une même communauté, la paroisse, entre XVIIIe siècle et XIXe siècle, et l’élargissement du bassin de recrutement des parents spirituels, celui-ci témoignant du recul de l’esprit communautaire ancien. Au XIXe siècle, quand les choix dans la parenté n’amènent pas à aller quérir des parrains loin d’Aubervilliers, d’autres types de parrains voisins apparaissent: les gens du quartier, voire les voisins d’immeuble, prennent alors une place importante, notamment dans le quartier ouvrier peuplé de migrants de Quatre Chemins-Champ Blanc, au sud de la commune. Il ressort ainsi de l’analyse détaillée des baptêmes de 1881 que l’espace de la banlieue était loin d’être uniforme. Par beaucoup d’aspects dont le parrainage, Aubervilliers était bien une «périphérie» de Paris (cf. la proportion de parrains et marraines vivant dans la capitale), mais en son sein plusieurs quartiers, où des logiques de choix diff érentes étaient mises en oeuvre au moment des baptêmes, coexistaient.
Keywords