SHS Web of Conferences (Jan 2022)
De l’usage existentiel des verbes de perception
Abstract
Cet article traite de l’usage existentiel du verbe de perception voir. Nous montrons sous quelles conditions ce verbe peut être utilisé dans des énoncés thétiques pour exprimer l’existence (comme dans on voit des trèfles à quatre feuilles). La lecture existentielle de voir est conditionnée par la présence d’un ensemble de propriétés définitoires des constructions existentielles (sujet non référentiel, indéfinitude de l’objet, ancrage locatif). Nous mettons en évidence que pour satisfaire ces propriétés, les caractéristiques transitives de voir doivent être fortement affaiblies, tout particulièrement au niveau du sujet. Nous examinons dans quels contextes des commutations entre il y a et on voit sont possibles, et quel est l’apport spécifique, irréductible lié à l’usage de voir. Cette spécificité tient au fait que voir implique un actant sujet (le voyeur) qui, même réduit à un indéfini générique ou effacé dans une forme passive, persiste à divers degrés. Nous proposons d’expliquer certaines différences subtiles entre il y a et voir par cette inscription, même minimale, d’un observateur en lien avec l’assertion de l’existence ou de la présence d’une entité.