Cahiers Africains des Droits de l’Homme et de la Démocratie ainsi que du Développement Durable (Apr 2023)

LES TRAITES MAKOKO ET LA BALKANISATION DE L’ÉTAT TEKE PRÉCOLONIAL

  • NGANTSAU wa NDEBO muana Tyô

Journal volume & issue
Vol. 01, no. 78
pp. 77 – 106

Abstract

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L’Etat précolonial Téké en Afrique Centrale, appelé abusivement Royaume Makoko, est peu connu du public en raison de son enclavement. Le peu d’informations disponibles viennent non seulement de la tradition mais également des écrits partiels étrangers, spécialement les missionnaires capucins et les explorateurs. Pourtant, cette période renferme beaucoup de secrets qui auraient dus nous guider. La terre et la langue constituent les seuls vestiges qui n’ont pas changés. Mais, l’organisation socio-politique connut de la déformation à cause de l’oralité et du changement de l’Etat dû à l’influence brutale de la colonisation européenne. L’Etat Téké précolonial couvrait territorialement, une partie de la RDC (120.000Km2) et une partie de la République du Congo (80.000Km2) ainsi qu’une partie du Gabon (20.000Km2) et a existé avant la colonisation belgo française de 1885. Le peuple Téké se localise actuellement dans les trois pays à savoir : la République Démocratique du Congo, le Congo Brazzaville et le Gabon. Cet Etat avait été balkanisé par les pseudos traités Makoko de PS De Brazza et accords présentés par HM Stanley entre 1880-1885. Tous deux explorateurs sans qualité ni mandats officiels des Etats étaient venu proposer aux anciens dirigeants de l’Etat précolonial, de pourparlers aux fins d’établir des relations commerciales aux années 1880-1883. Les anciens dirigeants de l’Etat précolonial n’avaient pas trouvé d’inconvénients pour l’ouverture de leur Etat au monde. Et ce, sans savoir lire ni écrire les langues des explorateurs ci-dessus. Ces derniers les ont embarqué dans un mensonge extrême jusqu’ aux atteintes matérielles à l’existence de l’Etat précolonial après la conférence de Berlin sur le partage arbitraire de l’Afrique. Ces pseudos traités et accords dits de cession de souveraineté et de suprématie étaient contraires à la coutume de Ntsié, c’est-à-dire de la constitution téké consacrant l’inaliénabilité sacrée de Ntsié et ne pouvaient pas engager les Téké, ni l’Etat. Donc, ces accords sont nuls au regard de la coutume de Ntsié. Dans le droit public téké, la violation du principe sacré de Ntsié est imprescriptible. Et l’action revendicative se transmet de génération en génération. La ratification des traités dits Makoko par la France relève non seulement du dol et de la contrainte mais également hors du droit international.

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