Lien Social et Politiques (Jan 2020)

Pas de révolution pour la police ? Syndicats et organisations internationales autour de la « Réforme du secteur de la sécurité » en Tunisie après 2011

  • Audrey Pluta

DOI
https://doi.org/10.7202/1069446ar
Journal volume & issue
no. 84

Abstract

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Cet article interroge les projets menés au nom de la réforme et de la démocratisation de la police en Tunisie post-révolution. La période suivant le départ de Ben Ali a effectivement connu une série de réajustements au sein des forces de sécurité, notamment à la suite d’une ouverture sur de nouvelles sources d’influence, émanant de professionnels de la sécurité organisés sous forme de syndicats ou d’associations, ou bien d’acteurs internationaux. Partant d’une analyse du projet de police de proximité porté par le PNUD et le ministère de l’Intérieur, cet article tâchera de montrer que, si les structures et les normes régissant les forces de l’ordre ne connaissent pas de modification profonde, le rapprochement entre policier et citoyen mené au nom de la réforme a pour effet de sélectionner la participation citoyenne en excluant les dominés. L’action menée par les syndicats policiers nouvellement formés contribue encore à réduire le spectre du changement politique en réduisant le contrôle sur les policiers en même temps que leur redevabilité vis-à-vis de la population. Ces syndicats parviennent, en reprenant à leur propre compte les discours de la « Réforme du secteur de la sécurité » (RSS), à légitimer et à consolider leur position de représentants des corps policiers. Il s’agira donc de revenir sur un processus de changement à l’oeuvre sans présumer de son issue, en le réinscrivant dans sa temporalité politique et entre les lignes de tension entourant la définition de ses termes au sein des forces de l’ordre.

Keywords