Recherches (Nov 2020)

Le “mentir vrai” dans le théâtre républicain de la Guerre d’Espagne

  • Evelyne Ricci

DOI
https://doi.org/10.4000/cher.309
Journal volume & issue
Vol. 25
pp. 37 – 47

Abstract

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Evelyne Ricci s’intéresse au théâtre de propagande créé dans la zone républicaine pendant la guerre civile espagnole. Elle examine les rapports complexes entre le mensonge et le théâtre de guerre, qui sont conditionnés, à la fois, par des enjeux politiques et par des considérations esthétiques (en particulier, la conception réaliste qui continue à le régir). Si ce théâtre prétend dire la vérité et refléter la réalité, il n’en a pas moins recours au mentir-vrai, pour, paradoxalement, dénoncer le mensonge, l’exhiber ou, tout simplement, s’affirmer en tant que spectacle. C’est souvent dans les pièces où l’artifice de la théâtralité est le plus manifeste, celles-là mêmes où l’effet de réel est le moins grand, que la vision du monde qui est proposée est la plus à même de toucher le public. Les œuvres de Rafael Alberti ou celles de Rafael Dieste en sont le meilleur exemple. Par le recours à des effets de métathéâtralité et de marionnettisation, par le recours au comique, au grotesque et à la caricature (des processus qui exploitent à l’extrême le mensonge et la distorsion de la réalité), les deux dramaturges parviennent à créer une émotion esthétique réelle, qui sert et renforce leur propos. L’art ne dit jamais mieux la réalité que lorsqu’il ment effrontément. Parmi les pièces du corpus : Teatro en la guerra (1937) de Miguel Hernández, Unidad de José Luis Clairac (1939), El amanecer (1936) de Rafael Dieste, El frente de Extremadura et El cuartel de la montaña (1936) de Balbontín, Alas rojas de José Coterillo Llano.

Keywords