Caliban: French Journal of English Studies (May 2016)

Uncanny Meat

  • James R. Goebel

DOI
https://doi.org/10.4000/caliban.3438
Journal volume & issue
Vol. 55
pp. 169 – 190

Abstract

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Cet essai tente de mettre en œuvre un concept auquel je donne le nom de "viande étrange" afin de développer un cadre positif et franchement matérialiste pour la (re)lecture de certaines relations inter-espèces. Afin de développer ce concept, cet essai se développe en trois temps. Je commence par le suivi des différentes configurations du "corps" dans l'œuvre de Gilles Deleuze et Félix Guattari. Cette section se termine avec le corps comme viande dans la réflexion qu'a menée Deleuze sur le peintre Francis Bacon, puis je me concentre sur une analyse du film documentaire Grizzly Man de Werner Herzog réalisé en 2005. Cette analyse place le film de Herzog dans le registre de la critique psychosociale afin de mettre en cause les critiques conservatrices du film comme confirmation de la rupture abyssale entre (ce que nous appelons) les humains et les animaux. Ce faisant, j'emprunte la notion d'étrangeté à l'œuvre de Freud, et en particulier ses brefs commentaires sur ses dimensions corporelles. Cependant, j'introduis une légère variation par rapport à Freud pour arguer que la "viande étrange" attire l'attention non pas sur la répétition de la scène refoulée de la perte (potentielle), vis-à-vis du complexe de castration, mais sur la récurrence d'un site d'indistinction réprimé dans le processus de subjectivation corporelle de "l'humain." Donc, le concept de "viande étrange" s'associe à diverses pratiques politiques, artistiques et théoriques pour désarticuler les coordonnées du corps humain normatif.

Keywords