Revue d'Études Autochtones (Jan 2022)
Le don du caribou et l’appel du teuehikan : repenser des patrimoines autochtones à la lumière des dimensions familiales et relationnelles établies avec les non-humains
Abstract
Les patrimoines autochtones sont principalement conçus, au sein des pratiques et des politiques muséales, en termes collectifs et communautaires. Cette conception n’est cependant pas représentative de biens traditionnellement utilisés dans le cadre d’un mode de vie semi-nomade et familial, comme c’est le cas pour un grand nombre des Premières Nations du Québec. Pour illustrer l’importance de considérer les dimensions familiales et territoriales des patrimoines autochtones, cet article prend appui sur un récit conté par Thomas Siméon, artiste ilnu de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh, à propos d’une saison de trappe menée au printemps 1980 avec son père (Gérard Siméon) et son épouse (Louise Siméon) sur leur territoire de chasse ancestral, les secteurs des rivières Péribonka et Manouane. Leur séjour a donné lieu à une rencontre avec atuk ͧ, un caribou, et fut le point de départ de la confection d’un teuehikan (tambour ilnu), finalisé vingt ans plus tard. Le thème central de cet article vise à analyser la nécessité de repenser la définition des patrimoines autochtones afin d’affiner notre compréhension de leur diversité territoriale et familiale. L’article abordera également le processus à travers lequel le patrimoine territorial et familial peut être utilisé comme vecteur de mieux-être, mais également évidemment comme un espace de transmission. Enfin, en précisant une conception ilnu du droit relationnel relatif aux êtres non-humains, l’article analysera la manière dont le patrimoine est ancré dans la continuité culturelle et l’expression de relations ancestrales.
Keywords