Actes Sémiotiques (Jan 2024)
Une « forme » pour la sémiotique discursive : la théorie des instances énonçantes
Abstract
Pour « l’instance de réception » du sens que nous sommes, tout procès sémiosique, tout ensemble signifiant suppose une « instance énonçante » qui se trouve à son origine et qui « énonce », à travers ce qu’elle signifie, un rapport au monde, le sien ou celui d’autrui, vécu ou imaginé, tout en « s’énonçant » en même temps comme dotée de telle ou telle « identité ». Il s’agit non pas d’une identité socio-historique mais d’une « identité sémiotique » car elle fait sens pour nous, récepteurs et interprètes. Cependant, la saisie de cette identité varie d’un interprète à un autre : certains, tablant sur le « principe d’immanence » typique de toute pensée scientifique, ne tiennent compte que du logos et des « prédicats cognitifs » qui le manifestent ; d’autres, au contraire, peuvent en plus, en faisant le leur un « principe de réalité », mettre en avant les « prédicats somatiques » et la phusis qu’ils traduisent. Ce sont ces différents types de réception et d’interprétation du « discours », effectuation du langage, modèle par excellence de toute signification, que la « théorie des instances énonçantes » (Coquet) essaie de penser, non pas dans le cadre commun hypothético-déductif et génératif, mais plutôt en tablant, à travers la mise au jour d’un certain nombre de régularités sémiotiques, sur un « parcours inductif » de nature interprétative conjuguant les manifestations discursives aussi bien du logos que de la phusis. Ce sont les articulations importantes de cette « forme » singulière donnée à la « sémiotique discursive » (Greimas) que nous allons tenter de cerner et d’expliciter ici.
Keywords