SHS Web of Conferences (Jan 2024)
« Au home, ils tricotent souvent des écharpes ». Impact de la forme masculine « ils » à valeur indéterminée sur la représentation mentale du genre
Abstract
Nous avons étudié l’impact, en français, de l’information de genre véhiculée par la forme grammaticale masculine du pronom « ils » à valeur indéterminée sur les représentations mentales du genre durant la lecture, en le comparant au pronom « on » non marqué en genre. Cet usage revêt un intérêt particulier car seule l’interprétation générique est possible et l’agent, à inférer du contexte ou postiche, est sous-spécifié. Nous avons ainsi mesuré si un effet « mismatch » (i.e. temps de réponse ralenti et taux de réponses correctes moins élevé) pouvait être remarqué lorsqu’une information de genre contredisait l’information de genre véhiculée par le pronom « ils ». Nous avons utilisé deux tâches de jugement. Dans la première tâche, les participant·es devaient évaluer le plus rapidement possible si la phrase qui leur était présentée était correcte ou non : la phrase en question présentait soit le pronom marqué en genre « ils » à valeur indéterminée, soit le pronom indéfini « on » non marqué en genre dans un contexte stéréotypé féminin ou masculin (p. ex. tricoter dans un home, jouer du football en Argentine). Dans la deuxième tâche, nous avons utilisé un paradigme d’évaluation de phrases dans lequel les participant·es devaient évaluer le plus rapidement possible si la seconde phrase était une continuation possible de la première : la première phrase présentait soit le pronom « ils » ou le pronom « on » dans un contexte neutre, tandis que la deuxième phrase introduisait une information de genre explicite au moyen d’un prénom genré ou d’un terme de parenté marqué en genre (p. ex. Sarah / oncle) à propos d’un·e membre de l’ensemble évoqué par les pronoms « ils » ou « on ». Dans nos deux tâches, les données concernant le taux de réponses correctes ont révélé que le pronom « ils » à valeur indéterminée a généré un biais masculin lié à sa morphologie dans les représentations mentales (i.e. taux de réponses correctes moins élevé lorsque le pronom « ils » était inséré dans un contexte véhiculant une information de genre stéréotypée « féminin »). Aucun effet n’a toutefois pu être repéré au niveau du temps de réponse.