Iris (Dec 2020)

Les « eutopies » à l’Âge classique

  • Corin Braga

DOI
https://doi.org/10.35562/iris.1538
Journal volume & issue
no. 36
pp. 43 – 55

Abstract

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Avec l’essor et le succès croissant de la littérature de voyages, nourrie par les grandes explorations et découvertes, les utopistes de l’Âge classique ont commencé à s’intéresser plus au sujet épique qu’à l’encadrement rhétorique de la relation utopique. Avec comme résultat des utopies réalistes dans lesquelles les narrateurs, en imitant le schéma de la littérature de voyages et d’exploration, prétendent avoir découvert des civilisations exotiques idéales, crédibles et applicables, qu’ils offrent en modèle à leurs contemporains. Les principaux procédés de construction des « utopies réalistes » sont la sélection et l’extrapolation utopique. Travaillant sur l’image de son monde historique, l’utopiste fait un choix des traits négatifs et positifs et les regroupe dans deux espaces complémentaires. Les caractéristiques jugées mauvaises sont rassemblées et isolées dans la description de « notre » civilisation (d’habitude l’Europe), celles bénéfiques sont regroupées et extrapolées dans la configuration de la civilisation exotique. L’exclusion des éléments désagréables, nuisibles et funestes soumet la fiction utopique à une « réduction au positif », ce qui fait d’elle un univers fictionnel eudémonique, capable de susciter l’adhésion rationnelle, morale et affective des personnages, ainsi que des lecteurs.