Revue d'Études Autochtones (Jan 2022)
Médecine coloniale et santé autochtone au Saguenay et sur la Côte-Nord : de la vaccination à l’Hôpital indien de Pointe-Bleue, 1854-1894
Abstract
Au milieu du xixe siècle, l’ouverture du Saguenay et de la Côte-Nord à la colonisation entraîne une dégradation de la santé autochtone. Devant les ravages engendrés par prolifération des épidémies, le département des Affaires indiennes est appelé à étendre son programme de vaccination contre la variole qu’il estime être une mesure humanitaire et peu couteuse permettant de protéger les Innus. Les médecins pratiquant dans ces régions de colonisation y voient quant à eux une opportunité de faire subventionner la pratique médicale au profit de l’ensemble de la population. Adoptant une perspective hygiéniste misant sur la prévention des maladies à partir des années 1870, ils perçoivent les habitations surpeuplées des réserves, l’irresponsabilité des autochtones et leurs tendances nomades comme de dangereuses menaces pour la santé publique. Avec l’appui d’élus locaux et de l’agent des Indiens, ils amènent l’État à fonder un « hôpital indien » à Pointe-Bleue (1876-1894) afin de soigner cette population perçue comme négligente. La présence d’infirmières innues embauchées pour prodiguer les soins aux patients de leur communauté permet toutefois d’entrevoir dans l’institution plus qu’un simple outil de contrôle des corps autochtones par le pouvoir colonial.
Keywords