Cahiers d’Études Romanes (Jul 2018)

Écritures traumatiques européennes au sortir de 1945

  • Eva Raynal

DOI
https://doi.org/10.4000/etudesromanes.7439
Journal volume & issue
Vol. 36
pp. 165 – 185

Abstract

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Le médecin allemand Alfred Döblin, le jeune resistant communiste Jorge Semprún et le dessinateur Jean Bruller (par la suite Vercors) ne se connaissent pas et n’ont a priori rien en commun. Pourtant, tous trois ont traversé la Seconde Guerre Mondiale, par l’exil, la clandestinité, ou l’expérience concentrationnaire. Ces trois hommes, dont seul un – Döblin – était déjà un écrivain confirmé, ont ensuite produit des œuvres marquées sinon profondément influencées par ces événements.Face à ces parcours multiples, un même bilan s’impose après la guerre : celui d’un traumatisme qui tend à s’exprimer à travers une production littéraire renouvelée.Ainsi, les événements historiques nous donnent à lire un exilé, un déporté, et un porte-parole de revenants. Suite à ces expériences, les récits étudiés ici sont marqués par le traumatisme du déplacement. Trois aspects majeurs les caractérisent : une écriture explosée, c’est-à-dire fragmentée, jouant sur différents niveaux de narration et de temporalité ; des personnages déracinés, aux repères vacillants sinon disparus ; enfin, un effondrement des valeurs traditionnelles et des figures mythiques.

Keywords