Cahiers d’Études Romanes (Jul 2018)
Écritures traumatiques européennes au sortir de 1945
Abstract
Le médecin allemand Alfred Döblin, le jeune resistant communiste Jorge Semprún et le dessinateur Jean Bruller (par la suite Vercors) ne se connaissent pas et n’ont a priori rien en commun. Pourtant, tous trois ont traversé la Seconde Guerre Mondiale, par l’exil, la clandestinité, ou l’expérience concentrationnaire. Ces trois hommes, dont seul un – Döblin – était déjà un écrivain confirmé, ont ensuite produit des œuvres marquées sinon profondément influencées par ces événements.Face à ces parcours multiples, un même bilan s’impose après la guerre : celui d’un traumatisme qui tend à s’exprimer à travers une production littéraire renouvelée.Ainsi, les événements historiques nous donnent à lire un exilé, un déporté, et un porte-parole de revenants. Suite à ces expériences, les récits étudiés ici sont marqués par le traumatisme du déplacement. Trois aspects majeurs les caractérisent : une écriture explosée, c’est-à-dire fragmentée, jouant sur différents niveaux de narration et de temporalité ; des personnages déracinés, aux repères vacillants sinon disparus ; enfin, un effondrement des valeurs traditionnelles et des figures mythiques.
Keywords