Lien Social et Politiques (Jan 2021)
Point de vue de femmes et d’acteurs du milieu communautaire sur l’accès au logement à la sortie d’un contexte de violence : quand le spatial fix renforce la spirale de l’itinérance dans certaines régions administratives du Québec
Abstract
Cet article présente les résultats de deux études semblables menées entre 2017 et 2020, au cours desquelles 68 entretiens de type récit de vie avec des femmes violentées ayant vécu une ou plusieurs situations d’itinérance ont été réalisés, ainsi que 17 groupes de discussion auprès d’intervenant·es communautaires oeuvrant auprès d’elles. Il expose une analyse féministe des obstacles rencontrés dans l’accès au logement dans certaines régions périphériques du Québec, au moment de quitter un contexte de violence conjugale. Il montre que la spirale de l’itinérance des femmes (Gélineau, 2008) peut être liée à leur fragilité économique à la sortie d’un contexte de violence, mais surtout aux inégalités (re)produites par le spatial fix. Les résultats illustrent 1) l’effet du développement économique, lequel est principalement axé autour des domaines traditionnellement masculins, sur le prix des logements, et 2) les difficultés à accéder, principalement pour les femmes seules, à un logement social. Par conséquent, les femmes tentant d’échapper à un contexte de violence sont contraintes 1) de se reloger dans un secteur éloigné des centres, loin des pôles de développement, renforçant du même coup leur précarité ; 2) de résider dans un logement vétuste ou d’être sujette aux abus d’un propriétaire ou d’un concierge dans les centres urbains régionaux ; ou 3) de retourner dans un contexte de violence.
Keywords